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Adama

Là c'était l'enfer...

"Je suis né en Côte d'Ivoire en 2003. Mon père est mort quand j'étais petit. J'ai grandi avec ma mère.
Je suis un peu allé à l'école mais pas beaucoup car nous n'avions pas l'argent pour payer.

J'ai travaillé avec un monsieur qui aidait les enfants comme moi, nous vendions des fruits au marché. En échange, il nous donnait à manger. A quatorze ans, comme je travaillais bien, le monsieur m'a proposé de partir. J'ai accepté.

Nous avons voyagé en bus jusqu'au Maroc. Là il m'a dit de me débrouiller. Il avait déjà fait beaucoup pour moi. Je suis resté avec un autre jeune. On vivait dans la rue, on allait sur les chantiers proposer de travailler. En échange, parfois on nous donnait à manger ou un peu d'argent, mais souvent on était chassé à la fin de la journée ou de plusieurs jours de travail, sans rien."

J'avais peur que la police m'arrête et me renvoie en Côte d'Ivoire. J'étais désespéré, fatigué. L'ami a continué sa route, mais je n'en avais pas la force et je ne connaissais personne.

"Un jour, j'étais assis dans un parc, un jeune homme est venu me voir, nous avons parlé. Il m'a dit qu'il allait m'aider, et de revenir le lendemain. Je suis revenu. Il m'a emmené dans une grande maison où il y avait beaucoup de monde, de la drogue. Je ne me suis pas senti à l'aise mais j'avais peur de partir; pour aller où ?"

Là c'était l'enfer, j'étais insulté, humilié, frappé tellement fort que parfois je ne pouvais plus bouger pendant des jours.

"Je devais faire le ménage, préparer à manger, laver les habits. Je n'étais pas le seul. D'autres jeunes comme moi étaient obligés de travailler eux aussi. Ils ne nous laissaient pas parler. Ils nous droguaient.

Un jour, ils m'ont tellement frappé... que je ne me souviens pas.
Ils m'ont envoyé chez un monsieur pour qu'il me soigne et que je puisse retourner travailler. Je suis resté plusieurs semaines. Il était gentil. Il a eu pitié et m'a laissé partir. Il a dû avoir des problèmes à cause de moi. J'avais trop peur de la police pour aller leur parler."