Le lien entre conflit armé et traite des êtres humains, bien que insuffisamment documenté, ne fait aucun doute.
Les conflits armés constituent un terreau fertile dans lequel la traite des êtres humains vient plonger ses racines.
Cependant, comme dans les cas de trafic de drogue (et bien que la relation entre traite et conflits armés soit moins étudiée), les revenus la traite alimentent également le cycle du conflit et tendent à le pérenniser.
La guerre civile en Syrie, qui oppose les forces gouvernementales de la dictature Baasiste de Bachar el Assad aux forces rebelles syriennes fournit un nouvel exemple de la relation sordide qu’entretient la traite des êtres humains avec les conflits armés, qu’ils soient internationaux ou internes.
La Traite des êtres humains est un fléau qui traverse les époques et les continents.
Ses auteurs savent profiter des fragilités liées au contexte économique, social, géopolitique ou encore climatique de chaque pays.
Les crises économiques, les conflits, sont venus alimenter les rangs des victimes potentielles parmi lesquelles beaucoup d’enfants. Les exploiteurs ont ainsi su tirer profit de la mondialisation caractérisée par des déplacements de populations volontaires ou forcées.
Il ne s’agit pas de confondre la traite des êtres humains à des fins d’exploitation et le trafic de migrants qui est le fait de passeurs et de réseaux qui s’enrichissent en faisant voyager d’un pays à un autre des migrants. Ces derniers versent aux passeurs des sommes très importantes pour des voyages dangereux, voire mortels. Au cours de ce parcours, certains sont victimes de traite des êtres humains.
Mais ceux qui parviennent à bon port deviennent des proies faciles pour les exploiteurs et les réseaux.
Ils sont particulièrement vulnérables et ont un besoin urgent de travailler. Le plus souvent, ils ignorent que, même sans papiers, ils ont des droits, et leur situation de clandestinité les prédestine à se fondre dans une économie souterraine qui va du travail illégal au travail forcé pour les hommes, à l’exploitation sexuelle, au mariage forcé et à l’esclavage domestique pour les femmes et les jeunes filles.
Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, 10% des migrants qui arrivent en Europe par la Méditerranée sont confrontés à ce problème. Le mineur peut également avoir été victime d’exploitation au cours du parcours migratoire ou dans le pays d’origine.
Les enfants sont tout particulièrement menacés, surtout quand ils arrivent seuls en Europe. Selon l’agence de l’Union Européenne pour la coopération et la formation des services répressifs (Europol), en février 2016, près de 10 000 enfants migrants non accompagnés avaient disparu en Europe au cours des 18 à 24 derniers mois. Le risque est grand qu’un certain nombre d’entre eux soient tombés entre les mains de réseaux de traite.
Crédit photo : Xavier Schwebel