La jurisprudence du T.G.I. de Créteil (voir article du 21/07/08 à la rubrique "publications") relative à la prise en charge d’un mineur ivoirien victime de "traite sportive" a contribué à éclairer un peu ce phénomène. Mais des travaux sont entamés depuis longtemps par des associations, la FIFA et la FFF.
Le 9 juin 2009 une réunion relative à la protection des mineurs étrangers dans le football s’est tenue au siège de la Fédération Française de Football.
Présidée et orchestrée par l’association Culture Foot Solidaire, cette rencontre a notamment permis d’entendre les points de vue du président de la FFF,Monsieur Escalettes, et du chargé des relations internationales de la FIFA, Jérôme Champagne.
Leurs interventions montrent que les instances françaises et internationales ont conscience du phénomène, et reconnaissent son existence. Ce dernier point est déjà un grand pas en avant tant on aurait pu redouter (à tort en occurrence)que ces organes ne veulent préserver "la magie du sport" et ne pas admettre ses dérives.
Elles ont également permis de présenter des outils originaux mis en place par la FIFA afin de lutter contre l’extension possible de la traite (sous-commission chargée de donner un avis sur les transferts de mineurs, liens avec les autorités consulaires des pays d’origine, pression afin de créer un visa "sportif"...).
Enfin, et entre autres propos intéressants, le constat d’une méconnaissance des chiffres réels a été dressé. La recherche d’un outil adéquat, type observatoire, a été menée.
On peut donc remarquer que dans ce domaine si particulier du sport, la traite soulève les mêmes problématiques que celles dont notre collectif s’est emparé, avec parfois les mêmes propositions (notamment en ce qui concerne la création d’un observatoire afin d’obtenir des données).
Cette conclusion nous réjouit tant elle prouve que le caractère protéiforme de la traite n’est pas un obstacle à la recherche de solutions, et tant elle montre que le travail en synergie entre associations et pouvoirs publics peut amener des solutions, quitte à les remettre en cause à la lumière de la pratique.
Il nous faut tenter, et ne pas sans cesse laisser les exploitants avoir un temps d’avance sur nous. Mais il nous faut agir en concertation, évaluer nos actions et les répliquer lorsqu’elles se montrent efficientes. Seul le partage de nos analyses et expériences permettra de prendre ce temps d’avance,quel que soit notre domaine d’action privilégié. Cet exemple du monde sportif nous le prouve.
Pierre-Marie Espagnet ADJE 77