Pour faire face aux risques de traite des êtres humains et soutenir les victimes potentielles parmi les personnes fuyant la guerre en Ukraine une stratégie a été construite sous la direction de la coordinatrice de l'Union européenne de la lutte contre la traite des êtres humains, Diane SCHMITT. Le Collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains lui avais transmis en avril son plaidoyer sur ce sujet.
Au 6 mai 2022, plus de 5,4 millions de personnes sont arrivées dans l'Union européenne depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022. La grande majorité des personnes qui fuient l'Ukraine sont des femmes et des enfants. Plus de 13 000 enfants non accompagnés et séparés ont été enregistrés dans l'UE jusqu'à présent.
Les personnes fuyant la guerre ont été accueillies dans un élan de solidarité dans les pays voisins, ainsi que dans d'autres États membres. Des milliers de bénévoles et d'organisations de la société civile ont offert une aide immédiate sous forme d'hébergement, de transport, d'assistance sanitaire et de garde d'enfants. Sans cette solidarité, il n'aurait pas été possible d'apporter le soutien nécessaire aux réfugiés.
Cependant, il est également apparu que des individus malveillants et des groupes de criminalité organisée tentent de tirer profit de la situation.
Il était donc nécessaire d'aborder la question de la sécurité des personnes arrivant dans l'Union européenne dès le début afin de créer un environnement sûr pour leur accueil.
Tous les acteurs concernés ont reconnu que la menace de la traite des êtres humains est élevée et imminente.
Des enquêtes ont été ouvertes dans plusieurs États membres sur des cas potentiels.
Les organisations criminelles étaient déjà actives à proximité de la frontière de l'UE avec l'Ukraine avant la guerre. La situation vulnérable des personnes fuyant l'Ukraine a encore accru les possibilités pour les trafiquants d'exploiter les tragédies humaines à des fins lucratives. Par conséquent, le 27 mars 2022, Europol a publié une notification d'alerte précoce pour avertir les États membres des risques que des réseaux criminels profitent de la crise pour recruter des personnes fuyant l'Ukraine à des fins d'exploitation sexuelle ou de travail, ainsi qu'à d'autres fins, telles que la mendicité ou la criminalité forcée.
En outre, il existe des indications d'une demande croissante pour les services exploités des victimes de la traite des êtres humains, à la fois hors ligne, par exemple dans le cadre d'offres d'hébergement privé, et en ligne, notamment sur les médias sociaux et le dark web.
Les mineurs non accompagnés et les enfants évacués des établissements de soins sont également particulièrement exposés au risque d'être exploités par les trafiquants.
Le paysage des menaces évolue très rapidement.
C'est pourquoi l'anticipation, la flexibilité et la réactivité de tous les acteurs concernés sont essentielles pour empêcher la traite des êtres humains de se produire.
Cependant, la traite des êtres humains n'est pas un crime visible instantanément. Il faut souvent des semaines, voire des mois, pour détecter le crime et identifier les victimes.
Il est donc essentiel de mettre en place des actions portant sur l'impact à moyen et long terme de la guerre contre la traite des êtres humains.
Depuis le premier jour de la guerre, l'UE est à la pointe des efforts pour prévenir et combattre les cas potentiels de traite des êtres humains.
Elle a présenté de nombreuses initiatives visant à réduire la vulnérabilité des personnes fuyant l'Ukraine et à les empêcher d'être exploitées par les trafiquants. Les possibilités pour les trafiquants d'offrir une assistance pour le franchissement illégal des frontières et le transport ont été entravées par le fait que les ressortissants ukrainiens n'étaient pas tenus d'obtenir un visa de court séjour pour entrer dans l'UE. Leur voyage était facilité par la liberté de circulation au sein de l'espace Schengen. En outre, les ressortissants de pays tiers étaient également autorisés à entrer sous certaines conditions. La facilitation des voyages a constitué une première étape importante pour protéger les personnes fuyant la guerre contre toute forme d'exploitation.
Le 4 mars 2022, la directive sur la protection temporaire a été activée pour la toute première fois.
Elle accorde une protection temporaire aux ressortissants ukrainiens et aux citoyens non européens résidant en permanence en Ukraine avant la guerre, qui ont fui le pays après le 24 février 2022, et permet aux États membres d'étendre cette protection à d'autres catégories de personnes. Cela inclut le droit d'accès immédiat au marché du travail, à l'éducation, à la santé et aux soins sociaux.
Le 18 mars 2022, la Commission européenne a présenté les directives opérationnelles pour aider les États membres à appliquer la directive.
Ces lignes directrices expliquent les mesures visant à prévenir et à combattre la traite des êtres humains et les procédures liées à l'identification, à l'enregistrement et à l'orientation des mineurs non accompagnés et séparés vers les services de protection de l'enfance. La Commission européenne a créé la Plateforme de solidarité afin d'aider les États membres à appliquer la directive sur la protection temporaire et en vue de coordonner la coopération entre les États membres, les pays associés à Schengen, les agences de l'UE et les organisations internationales.
Depuis le début de l'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine, la Commission européenne a travaillé en étroite collaboration avec le Service européen d'action extérieure, les agences de l'UE concernées et les États membres dans le cadre du réseau de préparation aux crises et aux migrations (Migration Preparedness and Crisis Blueprint Network) afin de consolider toutes les informations pertinentes pour surveiller et anticiper les flux migratoires liés à la crise ukrainienne et pour fournir une image actualisée de la situation.
Le 23 mars 2022, la Commission européenne a adopté une communication sur l'accueil des personnes fuyant la guerre en Ukraine :
Préparer l'Europe à répondre aux besoins, qui traite de la vulnérabilité spécifique des femmes, des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées aux risques de traite des êtres humains à leur arrivée dans l'UE.
Dans ses conclusions des 24 et 25 mars, le Conseil européen a souligné qu'une attention particulière devait être accordée aux besoins des personnes les plus vulnérables et aux mesures visant à prévenir et à détecter la traite des êtres humains.