
Koutcha est une association loi 1901, à but non lucratif, apolitique et laïque, créée le 17 août 2013. L’association se donne pour mission de comprendre, d’informer, d’évaluer et de protéger les mineurs et jeunes majeurs victimes de traite des êtres humains.
Les fondateurs - un sociologue, une psychologue et un éducateur spécialisé - ont travaillé ensemble pendant plusieurs années auprès de mineurs victimes de traite à des fins de contrainte à commettre des délits, originaires d’Europe de l’Est.
C’est de cette expérience qu’est née l’idée de créer un centre d’accueil spécialisé permettant aux mineurs victimes de traite un éloignement et une protection.
Face au constat de défaillance du système de protection de ces jeunes victimes en France, l’association développe à partir de 2020 un réseau national de lieux d’accueil permettant de les éloigner des territoires sur lesquels ils sont exploités afin de les protéger. C’est le réseau national Satouk, qui depuis 2024 est soutenu par la
Direction Générale de la Cohésion Sociale.
C’est en 2021, inspiré d’une initiative belge et avec le soutien de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, que le centre expérimental sécurisé et sécurisant ouvre ses portes pour accueillir 6 jeunes mineurs ou majeurs victimes de toutes les formes de traite.
Témoin de l’évolution du phénomène de traite, de par ses missions, l’association Koutcha met également en œuvre des actions de sensibilisation et de formation auprès des professionnels pouvant être en lien avec des mineurs victimes de la traite des êtres humains. Elle fournit un appui à la réflexion et à la prise en charge de ces mineurs auprès des institutions et associations du champ de la protection de l’enfance.
Koutcha se situe du côté du droit et œuvre à la protection de ces mineurs, par la construction d’un parcours de sortie d’exploitation, l’éloignement et l’arrêt des mises en danger.
Par là, l’adhésion du jeune n’est pas une condition sine qua non, puisque, du fait de sa minorité, les dangers et l’emprise qu’il subit, il convient de les protéger et donc de les éloigner.
Enfin, les fondateurs ont transmis aux salariés de l’association leur espoir de voir naître d’autres initiatives similaires dans toute la France et à l’échelle européenne.
Olivier Peyroux, Président de l'association, présente ici le rapport d’activités qui est l’occasion de partager des regards pluridisciplinaires sur les enfants victimes de traite.Ceux qui sont orientés vers Koutcha, ceux qui échappent, ceux qui sont accueillis dans le centre, dans son réseau de partenaires, ceux que Koutcha a vu sortir des réseaux qui les exploitaient. Il est le fruit d’un travail collectif où chaque membre de l’équipe a pu partager son expérience, ses analyses. Des morceaux d’histoires des jeunes accueillis viennent illustrer les difficultés et leurs nombreuses ressources qu’ils nous dévoilent en chemin.
En 2024, les principaux chantiers de l’association ont été axés sur davantage de structuration, le développement de partenariats, la stabilisation de l’équipe.
Ce travail a été permis par une confiance accrue de nos partenaires institutionnels et privés.
Deux mille vingt-quatre vient valider une étape importante : l’expérimentation du centre sécurisé et sécurisant a été renouvelée pour les trois prochaines années. L’évaluation du centre a mis en lumière le chemin parcouru tout en relevant certains points de vigilance auxquels nous nous attelons et pour lesquels nous bénéficions d’un appui privilégié des équipes de la PJJ : un dialogue précieux comme le souligne Olivier Peyroux.
Concernant le réseau Satouk, là encore, les pouvoirs publics par l’intermédiaire de la DGCS ont témoigné leur confiance en accordant leur soutien pour les trois prochaines années au réseau Satouk qu'il a créé pour accompagner des lieux d'accueil en France dans leur accompagnement de ce public.
Avec le rajeunissement de l’âge des victimes accueillies, 14 ans de moyenne, les relais qu’offrent les partenaires et les membres sont essentiels afin de repérer davantage de victimes et de construire des parcours de protection adaptés sur un temps long.
Cette reconnaissance institutionnelle, nécessaire, s’est accompagnée, en 2024, comme depuis les débuts de Koutcha, du soutien de nos partenaires privés ainsi que l'affirme Olivier
"Leur confiance nous a permis de tenir, d’innover sur la question du soin, d’activités réparatrices, de diffuser et de questionner collectivement ce que veut dire accompagner des enfants victimes."
Il ajoute
Nous savons l’abnégation qu’il faut au quotidien pour tenir face aux horreurs que ces jeunes ont subies, face au sentiment d’abandon qu’ils éprouvent depuis de longues années (...). Tisser pas à pas des liens, accompagner à reconstruire une estime de soi demande patience, courage, dévouement et réflexion. Engagement qui permet aux enfants accueillis de s’accrocher les premières semaines puis d’entrevoir, après quelques mois, d’autres possibles.
Et Olivier insiste sur le rôle des membres du Conseil d'Administration qui ont permis de faire face aux turbulences multiples et l’ensemble de nos partenaires qui depuis la création du projet jusqu’à maintenant les ont soutenus :
"la PJJ pour son appui constant, l’écoute et la compréhension, la DGCS pour sa confiance, la MIPROF pour son soutien, la Fondation pour le logement, la Fondation de France, le NPT, les ASE, la DIHAL, le CIPDR, le Secours catholique, ECPAT, la fondation Porticus, les Sœurs dominicaines de la Charité, Esperanto, Hors la Rue, Ruelles, les associations du Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains» ainsi que toutes celles œuvrant au repérage des victimes, l’ensemble des partenaires locaux institutionnels et associatifs que, pour des raisons de confidentialité du lieu, il n’est pas possible de citer. Les professionnels de la justice (parquets, juges, avocats, chefs de service, éducateurs...), les services d’enquêtes, la gendarmerie locale."
Le dernier mot est pour tous les jeunes accueillis qui, chacun à leur manière, nous montrent les chemins à emprunter pour croire de nouveau en l’avenir.
Découvrir le rapport d'activité dans son intégralité
Ecouter le podcast du 119 sur le sujet
L’association KOUTCHA
L'association Koutcha a pour objectif de proposer un dispositif d’accueil particulier permettant aux mineurs victimes de traite de se libérer de l’emprise qu’ils subissent ; de bénéficier d’un accompagnement leur permettant de se reconnaître en tant que victime de traite des êtres humains et d’adhérer à un programme pédagogique individualisé, dans le droit commun, leur permettant d’intégrer après un certain temps un dispositif plus classique. Olivier Peyroux est sociologue, spécialisé sur le phénomène de la traite des êtres humains, des mineurs en particulier. Chercheur et engagé sur le terrain, il est l’auteur de plusieurs publications sur le sujet.
Article rédigé avec Olivier Peyroux, Président de l'association Koutcha