Le Conseil de l'Europe engagé depuis longtemps dans la lutte contre la traite des êtres humains
Au Conseil de l’Europe, la Convention sur la Traite des Êtres Humains est entrée en vigueur le 1er février 2008. Cette Convention couvre toutes les formes de Traite, au-delà des instruments internationaux existants, et la Traite y est définie très clairement comme une violation des droits de la personne humaine, une atteinte à la dignité et à l’intégrité de l’être humain.
Le GRETA (Groupe d’Experts sur la lutte contre la traite des êtres humains) assure le suivi de cette Convention, se rend dans les pays et rédige un rapport sur l’état de la lutte contre la TEH. Quand le GRETA est venu en France, le Collectif était présent avec d’autres associations pour s’exprimer et faire son propre « état des lieux » de la lutte en France. Le Collectif a mené aussi avec le GRETA une année de sensibilisation à Strasbourg auprès de collégiens.
Ayant obtenu le statut participatif en août 2018, RENATE essaie de faire entendre la voix des OING qui accompagnent les victimes de traite. Récemment, lors de la conférence virtuelle qui a remplacé cette année la Session des OING, Marie Hélène Halligon, représentante du réseau, a fait un état des lieux de la situation de ces personnes en période de pandémie.
RENATE à la Conférence des OING du Conseil de l’Europe
Eveiller les consciences à la réalité des victimes de traite… mais pas seulement !
Le phénomène de la traite reste invisible pour une grande partie de la population et des institutions. De plus, les trafiquants ne cessent de s’adapter aux nouvelles lois pour les détourner et exploiter impunément les victimes. Lutter contre la traite est un combat inlassable qui nécessite une sensibilisation constante, et le témoignage des personnes exploitées est une parole forte.
Ainsi, RENATE voudrait porter la voix des victimes afin de rendre visible la réalité de ce phénomène.
Sa force est de représenter 30 pays européens, et dans ces pays compter des membres aux côtés des victimes sur le terrain aussi bien que d’autres qui font un travail de prévention et de sensibilisation.
La présence de RENATE au conseil de l’Europe est une opportunité supplémentaire pour faire avancer la cause des victimes. Des centaines d’OING constituent la Conférence et dans la liste et les thèmes abordés, la traite des êtres humains est un thème parmi tant d’autres porté par quelques-unes…
C’est pourquoi investir dans les groupes de travail pour soulever les problématiques des victimes de traite est crucial.
Les conférences des OING ont lieu deux fois par an. Entre temps, des groupes de travail thématiques se réunissent pour imaginer des solutions face aux problématiques auxquelles ils sont confrontés. RENATE s’investit dans les groupes « pauvreté » et « migration », deux terrains favorables au développement de la traite.
Ces sujets, fortement liés à l’exploitation, permettent d’évoquer la question des victimes de traite et de l’intégrer aux problématiques du Conseil de l’Europe.
Créer des liens, entre le local, les communautés, des pays et l’Europe.
La présence de RENATE au Conseil de l’Europe permet ces liens entre l’organisation internationale, la société civile et les membres et partenaires du Collectif pour établir des connections, car…
La traite est un phénomène bien trop important pour s’y attaquer seul.
La lutte n’a d’impact que lorsqu’elle est menée ensemble, à tous les niveaux.
L’intervention de RENATE lors de la conférence Virtuelle des OING au Conseil de l’Europe concerne la réalité des victimes de traite et conjointement des OING en période de pandémie, situation qui risque de durer...
Elle couvrait les sujets suivants : migration-traite-femmes, et s’effectuait dans le cadre de la cellule « migration », terreau favorable au développement de l’exploitation.
Quel que soit le lieu ou bien le stade auquel les personnes migrantes victimes de traite en étaient arrivées, tous les acteurs de terrain ont été confrontés à des difficultés supplémentaires :
- Difficulté d’accès aux camps : les ONG ne peuvent rencontrer les victimes de traite des êtres humains, notamment les femmes et les enfants, y compris les mineur.e.s non accompagnés.
- Difficultés de repérage, d’écoute des parcours, de mise à l’abri, car ces populations – en particulier les personnes sans papier et sans permis de séjour – ont eu plus de mal à demander de l’aide et à dénoncer leur situation.
- Et donc l’accès aux droits devenait presque impossible (appareil judiciaire non disponible).
- Dans les Foyers, difficultés du suivi des personnes migrantes victimes de traite des êtres humains, du soin et de l’aide alimentaire nécessaires à tous les stades, y compris pour les femmes suivies en semi-autonomie, dont les emplois, les logements ont été supprimés, et qui se retrouvent sans ressources, et donc en danger d’être reprises par les réseaux mafieux.
- La vie dans les Foyers a dû être réorganisée : manque de volontaires, nouveaux protocoles, moins de financements… Ont été mis en place : des ateliers de production de masques, de colis alimentaires et des informations sur les normes d’hygiène. L’assistance en ligne a été très importante, tant spirituelle que psycho-sociale, au téléphone ou en utilisant les plateformes de communication en ligne.
- Internet, avec ses opportunités, donc, de continuer à aider les personnes à distance, mais son impact négatif sur les jeunes et les enfants qui ont davantage surfé sur le Net, non protégés des interférences avec des sites pornographiques devenus gratuits et de la possibilité de recrutement en ligne par les trafiquants.
Quelles pistes et perspectives ?
- Ouvrir de nouveaux chemins de solidarité et de liberté pour toutes et tous.
- Soutenir et promouvoir des voies de migrations sûres et la régularisation des personnes migrantes sans papiers, qui ont le droit d’être protégées à la fois contre la pandémie et contre une vulnérabilité accrue facilement exploitable par les trafiquants.
Ce temps va-t-il être un tremplin pour réimaginer ensemble le présent et l’avenir ? Il est urgent de donner son véritable sens à la fraternité humaine pour que chaque personne soit reconnue dans toute sa dignité.
Europe, qu’avons-nous fait de notre sœur, de notre frère, de nos enfants ?
Europe, que comptons-nous faire aujourd’hui ?
Europe, que comptons-nous faire demain ?
Comment « ne laisser personne derrière ? »
La Congrégation ND de Charité du Bon Pasteur fait partie du Collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains". Elle est également membre du réseau européen Renate.
RENATE est un réseau européen de religieuses et laïques répartis dans 30 pays d’Europe qui luttent contre la traite et l’exploitation. Il fait partie d’un Réseau mondial, Talitha Kum, basé à Rome, qui fédère les réseaux similaires existant sur tous les continents.
Ses activités sont nombreuses :
Foyers pour les femmes victimes d’abus et de traite – réhabilitation
Travail de rue auprès des victimes d’exploitation sexuelle
Travail de prévention auprès des femmes, et des enfants dans toute l’Europe
Conscientisation dans les écoles, centres communautaires, églises
Lobbying et Campagnes : au plan local, national, Européen et international
Plaidoyer dans les média, média sociaux, articles et publications
Soutien psychologique individuel aux victimes à domicile ou en Foyers
Travail en Réseau avec les ONG Européennes et de l’ONU contre la traite
Travail avec les réfugiés en centre de détention
Travail avec les demandeuses d’asile
Travail avec les personnes victimes de traite : accompagnement multidisciplinaire,apprentissage de la langue du pays d’accueil…
Article écrit en collaboration avec Marie Hélène Halligon, membre de ND de Charité du Bon Pasteur