Vivre des instants de loisirs et de détente est l’occasion de passer d’agréables moments hors du quotidien lorsque l'on a vécu ou vit dans un foyer. Cela permet de renforcer les liens entre d'anciennes victimes de traite et l’équipe du foyer. C'est aussi un facteur d'autonomisation dans un cadre nouveau offrant plus de liberté.
Chaque été, l’AFJ propose des séjours de vacances aux femmes du foyer. Cette année, les participantes au séjour étaient 6 femmes, anciennes mineures isolées et victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle. Elles ont aujourd’hui entre 20 et 35 ans, et sont de différentes origines : Nigéria, Mali, Pérou…
Le séjour a duré 4 jours, du 1er au 4 août, et se déroulait à Montpellier dans un appartement du centre-ville. Le but était de trouver une destination proche de la mer qui ne présentait aucun risque pour les femmes. En effet, en tant qu’anciennes victimes de traite, il fallait éviter les endroits où elles seraient potentiellement exposées à d’anciens clients ou auteurs de traite.
Le but était de découvrir un nouvel environnement car la plupart des participantes n’étaient jamais parties en vacances.
Un espace de liberté propice au renforcement des relations
Par rapport à la vie quotidienne du foyer, ce séjour offrait aux femmes un cadre plus souple, sous le signe des loisirs et de la détente. Deux éducatrices les accompagnaient, dont le but était de se fondre dans le groupe plutôt que de l’encadrer, afin de laisser un maximum de liberté et d’autonomie aux femmes et de favoriser leur implication dans les activités, le quotidien et la vie collective.
Ce contexte de loisirs et de détente a permis aux participantes de s’ouvrir les unes aux autres, mais aussi de se sociabiliser en faisant de nouvelles rencontres extérieures au groupe.
Dans ce cadre plus libre, le rapport avec les éducatrices change également. Perçues par les femmes comme des membres du groupe, certaines distances s’effacent et laissent place à des relations plus proches et à plus de spontanéité.
En partageant ces moments de vacances ensemble, dans une ambiance légère, les liens de confiance se renforcent et approfondissent les relations.
Les fruits de cette expérience se répercutent ensuite dans la vie quotidienne du foyer. Les femmes et l’équipe pédagogique se comprennent mieux, se sentent plus libres d’échanger même sur des points de tension.
Les règles de vie du foyer sont ainsi plus facilement assimilées par les bénéficiaires qui s’y impliquent d’avantage. La vie en collectivité est ainsi vécue de manière plus légère et agréable.
Une expérience favorisant l’autonomisation
Pour ces femmes, s’extraire du cadre rassurant du foyer pour découvrir un nouvel environnement est aussi l’occasion de s’autonomiser. Les éducatrices ont volontairement laissé un maximum de liberté aux participantes, les invitant à s’impliquer de façon proactive dans toutes les facettes du séjour.
L’objectif était de leur permettre de profiter librement de ces vacances, mais également d’apprendre par elles-mêmes à organiser une sortie, prendre le train ou le métro, se repérer dans l’espace, préparer et anticiper les repas, gérer la vie quotidienne et collective, préparer leurs bagages…
En sortant de leur zone de confort, les femmes ont beaucoup gagné en confiance en elles lors de ce séjour. Il fut l’occasion pour elles de surmonter certaines craintes ou difficultés, et de prendre conscience de leurs propres capacités. Elles ont tiré beaucoup de satisfaction personnelle devant les progrès effectués.
L'association AFJ
C’est une association comprenant un foyer de mise à l’abri de 12 places et un appartement de 3 places à destination des femmes victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle.
Elle propose un accompagnement global des victimes : mise à disposition d’un hébergement, suivi administratif (ouverture des droits et régularisation administrative), suivi psychologique, actions éducatives d’insertion (apprentissage du français, accompagnement d’insertion professionnelle). Des activités sont proposées aux femmes au sein du foyer.
L’Accompagnement est effectué par une équipe de professionnels et des bénévoles.
Article écrit en collaboration avec Alise Robert, éducatrice spécialisée à l’AFJ.