Le bouleversement que le coronavirus a créé dans nos sociétés fait que les personnes vulnérables, en particulier les enfants, sont encore plus susceptibles d'être victimes de la traite des êtres humains, d'abus et d'exploitation.
La pandémie en Inde
Le gouvernement a mis en quarantaine l'ensemble de la population indienne, soit 1,3 milliard de personnes, à partir de minuit le 24 mars.
Selon le Centre for Monitoring Indian Economy, le 12 mai, plus de 122 millions de personnes en Inde ont perdu leur emploi. Environ 75 % d'entre elles étaient des petits commerçants et des travailleurs journaliers.
Lorsque les familles sont économiquement instables, cela augmente la vulnérabilité des enfants.
Selon les données du ministère de la santé et du bien-être familial, le 28 octobre, l'Inde comptait 603 687 cas actifs, 7 315 989 guéris/déchargés, et 120 527 décès dus à la crise sanitaire de la Covid-19.
Les répercussions de la crise sanitaire
Il y a quelques semaines, pendant la période de confinement en Inde, en 11 jours,
92 000 cas de maltraitance d'enfants dans la famille et dans les communautés ont été signalés au service d'assistance téléphonique du gouvernement.
Un père, qui avait perdu son emploi à cause de la pandémie, en désespoir de cause, a "vendu" son enfant de quatre mois à un couple riche sans que la mère le sache. Lorsque le couple est venu prendre le bébé, la mère a appelé ses voisins pour qu'ils l'aident à le garder. L'homme était un salarié journalier dans la construction. Il n'avait plus de travail et ne pouvait pas nourrir sa famille.
Le nombre de mariages d'enfants a augmenté. Les familles marient leurs jeunes filles pour qu'il y ait une bouche de moins à nourrir. Des enfants de 12 ans seulement ont été victimes de la traite des êtres humains, contraints de se marier.
Des milliers d'enfants ont été privés d'éducation dans des villages où il n'y a pas d'accès à l'internet et où il n'y a pas d'engagement de la part de l'école.
Et il existe une forte probabilité d'augmentation du travail des enfants suite à la crise.
La société civile accompagne des victimes
Au cours des derniers mois, 80 enfants ont été accompagnés dans le cadre d'une opération conjointe menée par les partenaires de Caritas Inde dans le cadre du programme Swaraksha de lutte contre la traite des êtres humains, dans le cadre de la campagne gouvernementale "Non au travail des enfants".
Caritas s'efforce d'aider les enfants vulnérables en soutenant l'apprentissage entre pairs, le soutien psychosocial, l'engagement positif auprès des enfants, par exemple en matière d'art et de peinture, de création d'affiches et de sport.
L'association collabore avec des organisations partenaires pour fournir aux enfants du matériel pédagogique afin qu'ils puissent poursuivre leur éducation. Des cours de rattrapage ont été mis en place par les partenaires de Caritas Inde dans les villages.
Les membres du Parlement des enfants sont engagés dans la sensibilisation contre la contamination par le virus de la Covid-19, contre le travail des enfants, contre le mariage des enfants, par le biais de campagnes et en répondant aux préoccupations des enfants dans les villages.
L'association soutient les familles dans la défense de leurs droits, en particulier à d'emploi.
Le gouvernement indien a annoncé la création de la Garib Kalyan Rojgar Abhiyaan (GKRA), Campagne pour la création d'emplois pour le bien-être des personnes en situation de pauvreté. Celle-ci vise à aider les migrants de retour. Elle appuie aussi la population rurale touchée par la Covid-19 en soutenant le Programme national de garantie de l'emploi rural existant.
L'association aide les travailleurs migrants à accéder à ces programmes gouvernementaux.
Par l'intermédiaire de 173 partenaires diocésains, elle a déjà appuyé 1 465 407 migrants dans tout le pays de différentes manières : réponse aux besoins de base, hygiène, nourriture, masques, abris, équipements de protection individuelle, accès aux droits gouvernementaux,... En aidant les personnes migrantes, elle espère les empêcher, ainsi que leurs enfants, de tomber dans l'exploitation et la traite.
L'association s'implique aussi dans la prévention.
Pour sensibiliser le grand public elle a produit une chanson en hindi sur les risques de la traite des êtres humains et a également imprimé des brochures et des dépliants. Ses membres se déplacent dans les communautés pour faire jouer la chanson et distribuer le matériel d'information. La campagne mobile a été organisée par trois partenaires lors de la Journée mondiale contre la traite des êtres humains, où environ 150 villages ont été couverts et plus de 150 000 personnes ont été touchées.
L'association contribue aussi à la formation de la police, des forces de l'ordre, des travailleurs du département des transports afin qu'ils soient capables d'identifier les victimes de la traite des êtres humains.
Au cours des cinq derniers mois, 150 membres du personnel de l'unité de lutte contre la traite des êtres humains, de l'unité spéciale de la police des mineurs et des forces frontalières ont bénéficié de ces formations.
Le développement de la traite en situation de crise
Ce n'est pas toujours facile car avec la crise de la Covid-19, d'autres formes de trafic apparaissent, comme la cybercriminalité impliquant des enfants.
Les gens les ciblent en ligne, les préparent et essaient de les rencontrer pour en abuser.
Il est aussi difficile d'identifier et de soutenir les victimes de la traite des êtres humains car il y a moins de mouvement à cause de la crise sanitaire de la Covid-29.
Toutes les parties prenantes doivent travailler en partenariat pour lutter contre ce crime odieux qu'est la traite des êtres humains.
Les enfants "leaders de Caritas Inde" sont nominés pour le Prix international de la paix pour les enfants 2020
Quatre enfants leaders ont été nominés pour le Prix international de la paix pour les enfants 2020 dans la catégorie "Travail des enfants, éducation, égalité des sexes et participation des enfants".
L'année dernière, Gretta Thunberg a remporté ce prix prestigieux.
Vous pouvez consulter (en anglais) les profils des enfants leaders nominés sur
https://kidsrights.org/news/meet-the-nominees-for-the-international-childrens-peace-prize-2020/
Depuis sa création en 1962, Caritas Inde s'efforce de créer un environnement protecteur et responsabilisant pour les enfants des communautés marginalisées dans des États comme le Bihar, l'Uttar Pradesh, Delhi, Odisha, le Bengale occidental et l'Assam, en se concentrant sur les questions locales de réduction des risques de catastrophe, d'éducation, de malnutrition, de mariage des enfants, de consolidation de la paix, de traite, de trafic et de travail des enfants.
Caritas Inde met actuellement en œuvre au Bengale occidental un programme visant à éliminer le travail des enfants et à mettre en place des systèmes efficaces de protection des enfants.
Les partenaires de Caritas Inde au Bengale occidental ont facilité la création de 15 "zones sans travail des enfants et jardins de thé" et de "postes de police adaptés aux enfants dans les districts de Kalimpong et de Darjeeling", en plus d'instituer des clubs d'enfants et des comités de vigilance.
En outre, Caritas travaille aussi étroitement au développement et à l'autonomisation des enfants des communautés Musahar (Mahadalits) du Bihar par leur intervention dans l'éducation et la nutrition.
Elle met également en œuvre actuellement un programme de lutte contre la traite des êtres humains à la frontière indo-népalaise dans l'Uttar Pradesh, et un programme de lutte contre la traite des êtres humains dans l'Assam et l'Arunachal Pradesh qui s'appuie sur les piliers de la création d'une prévention au niveau communautaire par le biais des communautés, des clubs d'enfants et de la protection par la mise en réseau avec les forces frontalières indo-népalaises et d'autres parties prenantes gouvernementales et non gouvernementales.
Caritas Inde dispose d'un groupe de volontaires scolaires appelé "Lavender Army" où les enfants sensibilisent à la prévention et à la guérison du cancer.
Caritas Inde dispose également d'un réseau croissant de collectifs d'enfants à travers l'Inde sous la forme de clubs d'enfants et de parlements qui renforcent le droit des enfants à la participation et leur donnent les moyens de devenir des leaders pour les enfants.
Nous souhaitons aux enfants leaders impliqués dans ces différents territoires pour un mieux vivre des enfants, sans exploitation, tout le succès possible.