Un été au parfum de vacances en période post-confinement

Chaque année, l’AFJ, propose des séjours et loisirs estivaux aux anciennes victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle accueillies au foyer. Cette année, en raison de la crise sanitaire, le séjour a été remplacé par des activités à la journée en région parisienne. L’objectif principal était de sortir de la routine du confinement et de s’aérer l’esprit après cette période difficile d’isolement. 

Le but premier de ces sorties était de changer d’air après cette période de confinement. Les femmes étaient mentalement lassées de rester enfermées au foyer. Elles avaient besoin de s’évader du quotidien qui était devenu pesant et source de tensions. Les activités à l’extérieur ont donc été favorisées car tout le monde avait besoin de prendre un grand bol d’air.

Des moments de détente en plein air

Les femmes sont très en demande d’activités sportives et aquatiques. La sortie escalade à la Courneuve a été très appréciée. 

C’est un sport aux vertus pédagogiques multiples. Il demande de la patience, de la concentration, de la confiance en l’autre. C’était une première pour tout le monde et une véritable réussite.

La journée à l’île de loisirs de Cergy Pontoise ressemblait vraiment à des vacances estivales : l’eau, les plages de sable, le parc… 

Tout comme le bowling ou Paris plage, ce sont avant tout des moments de détente et d’amusement dont tous avaient besoin en sortie de confinement.

Des sorties culturelles vertueuses

Les sorties culturelles ont également été très positives pour les participantes. 

La découverte de la musique classique et l’ambiance des jardins de Versailles furent très apaisantes pour tout le monde.

Quant à l’atelier de sérigraphie, qui était une première pour les participantes, il fut l’occasion pour les femmes d’exprimer des ressentis à travers une activité artistique. 

Elles étaient très fières de ramener leurs créations au foyer et souhaitent prolonger l’expérience.

Des loisirs aux accents pédagogiques

Apprendre à vivre en société
A travers ces activités de loisir, il s‘agit d’apprendre à se comporter et respecter les règles de vie collective dans un espace extérieur au foyer. Cette année, les sorties ont été l’occasion de réviser les gestes barrières (masque, gel, distances de sécurité…) dans les espaces publics : métro, salle de bowling, plages, piscine, atelier…

Apprendre à s’exprimer
Lors des sorties, les éducateurs travaillent l’expression et les échanges entre femmes et avec l’équipe encadrante. Pour ces anciennes victimes de traite au vécu traumatique, qui ont tendance à se renfermer sur elles-mêmes, cela n’a rien d’une évidence. Les participantes sont sollicitées pour dire ce qu’elles ont aimé, pas aimé et exprimer ce qu’elles ont ressenti.

Intégrer des notions nutritionnelles
La préparation des repas pour la journée de loisir sont des moments importants et appréciés des femmes. Ils sont l’occasion de transmettre des notions nutritionnelles, découvrir des nouvelles recettes et apprendre à maîtriser un budget repas.

Appréhender son corps par rapport au regard des autres
En raison de leur passé, certaines femmes sont complexées par rapport à leur corps et ne supportent pas le regard des autres. Se mettre en maillot de bain sur une plage peut être difficile pour elles. Cependant, c’est l’occasion d’accepter son corps et de changer le rapport qu’elles ont avec lui.

Développement de l’autonomie
Le passage par l’exploitation a rendu ces femmes relativement introverties. Elles ont souvent peur de l’inconnu et de se lancer seules dans une activité, malgré le fait qu’elles aient les capacités de le faire. Elles manquent également de motivation pour s’organiser des sorties à la journée en autonomie. 

Les sorties collectives les ouvrent au monde et augmente leur confiance en elles et en l’autre. Cela les aide à devenir plus entreprenantes.

Appréhender un budget
Ces activités montrent aussi aux femmes qu’il est possible de profiter de loisirs intéressants et passionnants tout en respectant un budget raisonnable. Cela fait partie de l’apprentissage de l’autonomie et d’un rapport sain à l’argent. 
Ces femmes, souvent d’origine étrangère, ont aujourd’hui très peu de ressources, mais ces notions leur seront utiles dans leur vie future, une fois insérées professionnellement et socialement. 

Cela fait partie de l’apprentissage du coût de la vie en France, et de la gestion d’un budget personnel ou familial.

La naissance de nouveaux désirs

Suite aux activités estivales, la majorité des femmes a exprimé le désir d’apprendre le vélo et à nager. Elles ont apprécié l’eau, la nature, et souhaitent en profiter davantage.  
L’association prévoit des cours de natation et d’apprentissage du vélo à l’avenir.

Les sorties « baignade » ont également fait naître des attentes vis-à-vis de conseils pour entretenir leur corps. 

Des ateliers nutritions et d’entretien sportif leur seront proposés à la rentrée, dans le but d’apprendre à prendre soin de son corps, de l’entretenir et de le valoriser.

Une ouverture positive sur le monde

Sur le long terme, ces découvertes culturelles, de lieux, d’activités, permettent aux femmes de s’ouvrir et de ne pas rester enfermées dans ce qu’elles connaissent. 

Pour ces anciennes victimes de traite, se projeter dans des activités nouvelles et plaisantes est très important pour se reconstruire et repartir de l’avant.

Des relations de confiance approfondies 

En sortie, la position des encadrants change. Ils participent avec les femmes aux activités (baignade, jeux, loisirs créatifs…). Tout le monde est au même niveau et ce contexte favorise les échanges spontanés, la découverte de l’autre et rapproche les individus.

Ce climat de confiance permet d’approfondir les relations, ce qui est toujours utile pour le travail à venir.

Article écrit en collaboration avec Chiara Antonioli, éducatrice spécialisée au foyer.