Plutôt coutumier des ateliers de rue, Hors la rue a mis en place des séances d’art thérapie en visio-conférence pendant la confinement. Au fil du temps, ils sont devenus un vrai lieu de détente, d’expression, de créativité et ont permis d’entretenir et développer les relations individuelles et collectives.
La principale difficulté des jeunes dans cette période de confinement fut l’isolement. Sans contact avec d’autres jeunes ou adultes, ils ont vécu une parenthèse hors du temps, sans repère ni activités pour rythmer leurs journées.
Les premiers objectifs des ateliers d’art thérapie à distance étaient donc de rompre cet isolement, d’entretenir un lien social avec les jeunes et de leur apporter des repères.
Des séances créatives adaptées entretenant les liens
Les ateliers étaient conçus en fonction de ce que le jeune avait comme matériel à disposition dans son lieu de résidence.
L’art-thérapeute utilisait les mêmes outils que son interlocuteur afin de désacraliser l’approche artistique et d’appréhender ce que l’on peut faire avec peu d’éléments.
Par la suite, les éducateurs ont profité de leurs visites auprès des jeunes pour leur apporter du matériel.
Les séances étaient organisées en sessions individuelles ou en binôme. A l’issu de celles-ci, les créations étaient partagées sur un groupe WhatsApp créé pour l’occasion. Chacun pouvait commenter les dessins postés.
Ce fut l’occasion de nombreux échanges entre les jeunes et avec l’art thérapeute. Ces liens entretenus à distance autour de l’art furent précieux dans cette période d’isolement.
Les thématiques abordées étaient évolutives. Pour commencer, il s’agissait de dessiner des éléments du quotidien de la personne, à la façon d’un pictionnary, puis les séances s’orientaient vers l’imaginaire. Par exemple, certaines sessions étaient consacrées à la réalisation de dessins hybrides. L’idée était d’associer et de fusionner 2 éléments qui n’avaient pas de lien à priori entre eux. En binôme, ce fut l’occasion de se lancer des défis.
Des créations collectives pour développer son imagination
Les ateliers ont aussi été l’occasion de créer des œuvres collectives. Avec l’art thérapeute, les jeunes décidaient d’un tableau à réaliser, et chacun dessinait un élément de l’ensemble. Ensuite, l’art thérapeute réalisait le montage final. Par la suite, les participants imaginaient des dialogues entre les personnages du tableau, jusqu’à créer des histoires illustrées.
L’objectif artistique de ces séances était de se décoller un peu du réel pour développer son imaginaire.
Les bienfaits de l’art thérapie pendant le confinement
Une parenthèse attendue dans le quotidien des jeunes
Les ateliers étaient vécus par les jeunes comme un espace de détente dans cette période anxiogène. S’investir dans une activité artistique leur permettait de s’évader du quotidien tout en découvrant et développant leur sensibilité et leur créativité.
Le fait de se réaliser à travers le dessin fut très valorisant pour les jeunes, ce qui fut très important dans cette période de repli sur soi.
Les séances offraient également un rythme aux jeunes. C’était un rendez-vous attendu.
Elles étaient l’occasion de prolonger l’apprentissage du français à travers les échanges et le vocabulaire lié aux dessins réalisés.
Des temps de détente favorables à la relation
Les sessions sont également devenues des lieux privilégiés d’approfondissement de la relation. Le contexte distant de la visio, s’inscrivant dans une relation individuelle, leur a permis de parler plus spontanément d’eux-mêmes et de se livrer. Les jeunes s’en sont saisi pour exprimer leur ressenti de la situation et évoquer leur vécu.
Les ateliers sont devenus un lieu d’expression, d’apaisement et de sociabilisation. Le fait d’avoir été présent auprès des jeunes pendant cette période d’isolement leur a montré qu’ils pouvaient compter sur l’association. Cela a favorisé la libération de la parole.
Le prolongement des liens post-confinement
Suite au déconfinement, les ateliers de rue ont repris. Les jeunes furent déçus de devoir abandonner ces rendez-vous créatifs virtuels. Mais de retour à l’école et à leurs activités, ils n’ont plus la même disponibilité.
En revanche, ils continuent de faire des dessins de leur côté et de les partager sur le groupe WhatsApp. La relation virtuelle créée pendant le confinement perdure. Signe qu’elle a été précieuse pour ce groupe.
Association Hors la Rue
Objectif
Depuis 2004 Hors la Rue a pour objectif d’accompagner les mineurs étrangers en danger vers le droit commun (parmi lesquels des mineurs présumés victimes de traite des êtres humains)
3 missions principales
Repérer les mineurs étrangers en danger,
Accompagner les jeunes vers le droit commun
Participer à une meilleure connaissance et prise en charge des problématiques des jeunes que nous accompagnons.
3 modalités d’actions
Des maraudes quotidiennes effectuées par une équipe pluridisciplinaire sur les lieux d’activité, de pause, d’errance et de vie.
Un centre d’accueil de jour.
Des permanences psychosociales en détention auprès de mineurs que nous avons déjà rencontrés en rue, en partenariat avec la Protection Judiciiare de la Jeunesse.
Article écrit en collaboration avec Emilie Boutillier, art thérapeute à Hors la rue