Les résultats de l’enquête annuelle sur les victimes de traite des êtres humains accompagnées par les associations en France que le Collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains" a contribué a créé il y a 7 ans, sont publiés conjointement par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).
Ce travail s’inscrit dans le cadre de la mesure 8 du 2ème plan d’action national contre la traite des êtres humains 2019 - 2021:
« Pérenniser l’enquête sur les victimes de traite des êtres humains suivies par les associations ».
Les résultats de la sixième édition de l’enquête annuelle sur les victimes de traite des êtres humains accompagnées par les associations en France procurent des informations sur le profil de plus de 2 800 victimes accompagnées par 44 associations et établissements en 2021.
Pour la première fois depuis l’édition de 2020, le nombre d'associations ayant répondu l’enquête est en hausse avec 17 associations répondantes supplémentaires par rapport à 2021 (soit +60 %) Le nombre de victimes accompagnées, recensé dans l'enquête, augmente de 20% passant de 2 259 en 2020 à 2 872 en 2021.
La traite des êtres humains est un phénomène criminel complexe à saisir statistiquement en raison de l’invisibilité des victimes mais également des auteurs. La collecte de données auprès d’associations d’aide aux victimes complète et enrichit l’état des lieux, partiel, découlant de la délinquance enregistrée par les forces de sécurité.
Principaux résultats de l’enquête
En 2021, les associations ont repéré 4 868 victimes, dont 59 % ont bénéficié d’un accompagnement (soit 2 872 victimes).
Parmi elles, 235 ont été exploitées uniquement à l’étranger, par exemple lors de leur parcours migratoire. Au final, 2 637 victimes ont été exploitées au moins en partie en France. Parmi les victimes exploitées au moins en partie en France en 2021, les victimes d’exploitation sexuelle représentent la majorité des victimes (74 %), les associations répondantes accompagnant essentiellement ce type de victimes.
D’autres formes d’exploitation sont également détectées par les associations : 18 % des personnes accompagnées sont victimes d’exploitation par le travail, 6 % de contrainte à commettre des délits, 1 % de mendicité forcée et 1 % d’autres formes d’exploitation.
Plus généralement, les données sur les victimes de traite des êtres humains sont similaires aux autres éditions.
Les femmes sont toujours majoritaires parmi les victimes (77 %). Les victimes mineures représentent 11 % de l’ensemble des victimes, dont 63 % d’entre elles étaient potentiellement non accompagnées selon les associations, presque toutes victimes de contrainte à commettre des délits.
Parmi les victimes majeures accompagnées, près d’un quart ont été exploitées durant leur enfance.
Les résultats de l’enquête démontrent une nouvelle fois que la traite des êtres humains est un phénomène à dominance transnational
Les victimes accompagnées par les associations en France sont originaires de 75 pays différents, le Nigéria restant le principal pays d’origine, suivi par le Maroc, la Côte d’Ivoire, la France et l’Algérie.
La part de victimes françaises est en hausse par rapport aux éditions précédentes (+3 points par rapport à 2020), elles sont majoritairement exploitées sexuellement (à 87%).
Concernant les démarches judiciaires, un nombre plus important de victimes accompagnées a reporté les faits auprès des autorités judiciaires depuis 2020 : 38% ont déposé plainte auprès des forces de l’ordre et/ou du procureur pour traite des êtres humains ou un autre motif en 2021, contre 28% en 2019.
Enfin, cette édition propose deux focus : un premier sur les victimes exploitées uniquement à l’étranger, issue de l’analyse qualitative des constats des associations, et un second sur le développement de l’utilisation des nouvelles technologies et d’internet à des fins d’exploitations remarqué par les associations et les services de sécurités.